Grégory Havret : presque vingt ans de circuit européen.
Entre deux tournois de l’European Tour, entre la Chine et la Grande Bretagne, Grégory Havret a retrouvé à Bordeaux, épouse et enfants. Depuis le début de saison 2017, il a disputé 11 Opens et a réussi 3 « Top 20 » au Maybank Championship à Saujana (Malaisie), puis au Trophée Hassan II au Maroc et enfin en Afrique du Sud, sur le parcours du Pretoria CC pour le Tshwane Open. « Grâce à un très bon premier tour en -6 sur le parcours de Pretoria j’ai même pu prendre la tête du tournoi… » souligne le Rochelais, numéro 1 français en 2007, 2008, 2010 et 2011.
Trois Top 20 de suite sur le Tour européen pour valider le travail entrepris depuis l’année dernière avec Benoît Ducoulombier et Jean-François Lucquin qui a tourné la page du golf professionnel.
À presque 41 ans, Greg affiche les meilleurs résultats sur l’European Tour depuis le Hero Indian Open en 2016, avec une sixième place sur le vieux parcours très étroit de New Delhi puis une dixième place construite patiemment et très régulièrement (69-70-70-69) sur le parcours long et venteux de Black Mountain en Thaïlande. Il signait même un troisième Top 10 en septembre 2016 lors du Porsche European Open à Bad Griesbach en Allemagne pour une 90è place au classement final de la « Race to Dubai ».
GOLF OXYGENE : Vous vous êtes classé trois fois dans le Top 20 sur le Tour européen depuis le début de la saison. Je pense que vous devez être très satisfait…
GREG HAVRET : Mon jeu est assez solide dans l’ensemble. Je me fais plaisir sur le parcours. Le début de saison est correct. et les résultats ne sont pas mal dans l’ensemble. Il y a eu quelques belles cartes comme au Tshwane Open (65 le premier jour) ou en Malaisie. Ces trois places dans le Top 20 font un sacré bien. Ça faisait presque un an que je n’avais pas ressenti les prémices d’une potentielle victoire.
G O : Evoquons justement votre jeu
G H : Je suis toujours aussi régulier au driving puisque je suis 5e de l’European Tour. C’est un compartiment de mon jeu sur lequel je peux m’appuyer. Je ne suis pas très long, mais je suis droit. J’ai surtout du mal au putting. Je bosse beaucoup pour essayer de trouver la bonne technique, notamment pour adapter mon dosage et améliorer ma lecture de pentes. A l’entraînement, je met l’accent sur le petit jeu et le putting avec Benoît Ducoulombier. Mon jeu à moins de dix mètres d’un green et sur le green est clairement insuffisant. C’est un compartiment du jeu qui n’a pas tellement progressé. Mon adaptation au putter classique est difficile. J’ai encore du mal à trouver la solution depuis que j’ai laissé tomber mon belly-putter suite à la nouvelle réglementation.
G O : Ce travail sur le petit jeu est-il purement technique ?
G H : Je dirais que c’est au moins 50% technique. Pour le reste, je regarde comment repose la balle et je m’adapte en fonction. J’avais perdu complètement cette notion car je jouais tout le temps le même coup autour des greens… Je manquais cruellement de stratégie en fonction du lie de la balle ou de la situation de jeu.
G O : Autre nouveauté depuis quelques mois, la présence à vos côtés d’un préparateur physique, Benjamin Anorga. Que recherchez-vous ensemble?
G H : Le but de mon travail avec Benjamin est de rester le plus longtemps possible sur le circuit européen car j’aime profondément cela et je ne me vois pas arrêter. Depuis Tiger Wood, puis Rory Mc Illroy et Jason Day, le golf a vraiment évolué car les golfeurs qui évoluent sur les différents tours sont de véritables athlètes. Benjamin m’a fait prendre conscience de l’intérêt d’un échauffement de 45 minutes avant la partie, à base d’éveil musculaire, de dérouillage articulaire, d’échauffement cardio et d’échauffement spécifique. Aujourd’hui je ne me vois plus jouer un tour sans réaliser une bonne séance d’échauffement en amont. En plus d’un préparateur physique, il faut ajouter un préparateur mental, un ostéopathe. Autour de moi, 5 ou 6 personnes m’encadrent et me conseillent.
G.O : En septembre 2018, la Ryder Cup se joue en France. pensez qu’un joueur Français puisse gagner sa sélection ou être invité par le capitaine Danois Thomas Bjorn ?
G H : Je le souhaite mais cela me parait difficile car les meilleurs européens jouent sur le circuit américain et accumulent beaucoup de points pour être sélectionnés directement. Alexander Lévy, après sa victoire en Chine, devra renouveler trois ou quatre performances de ce type pour gagner sa sélection. De plus, jouer la Ryder Cup en France devant son public doit être très difficile psychologiquement.
G.O : Comment percevez vous l’évolution du golf en France ?
GH : Nous sommes quinze joueurs sur l’Européen Tour, ce qui représente la plus grosse délégation avec l’Angleterre. Nous formons un team très soudé. De plus les jeunes qui nous rejoignent, tel Romain Langasque sont vraiment de très bons joueurs. J’ai regardé la Gounouilhou au golf du Medoc et j’ai été vraiment surpris par le jeu et la mentalité des joueurs. Je crois que le golf français a de beaux jours devant lui.
G O : Toujours le même équipementier ?
G H : Oui, depuis 1993, je joue Ping, notamment en bois la série G et en fers la série IBlade.
GO : Dernière question, hors golf, La Rochelle sera t-il champion de France de rugby ?
GH : Etant Rochelais de naissance, je le souhaite ardemment.
Propos recueillis par Jean-Luc DUCLOS