Comme on s’y attendait, il n’y a pas eu beaucoup de suspense lors de l’Assemblée générale élective de la Fédération française de golf programmée le samedi 5 décembre 2020. La liste menée par Pascal Grizot a recueilli 96 % des suffrages exprimés, 606 clubs ayant voté par correspondance.
A 58 ans, Pascal Grizot devient donc le 12e président de la FFGolf.Capitaine de l’équipe de France amateurs messieurs de 2005 à 2011 (championne du monde en 2010 et d’Europe en 2011), vice-président de la FFGolf depuis 2009, cet homme d’affaires, passionné de golf succède ainsi à Jean-Lou Charon, à la tête de la FFGolf. Excellent golfeur amateur (index -1), Pascal Grizot s’est notamment fait connaître en tant que président de la commission Ryder Cup disputée en France en 2018.
Lors de cette élection présidentielle de décembre dernier, Il était le seul à avoir déposé une liste, ce qu’il dit » regretter par respect de la démocratie » mais aussi cela lui donne tout le temps et l’énergie » pour se consacrer à son projet pour les quatre prochaines années ».
Les priorités de son mandat de quatre ans sont le sport de haut-niveau, le développement de la pratique avec notamment l’évolution des écoles de golf sans oublier la transition environnementale des golfs.
Golf Oxygène a eu la chance de le rencontrer, en ce début d’année afin d’évoquer avec lui ses projets.
A côté de vos activités professionnelles propres, vous pratiquez le golf depuis presque cinquante ans…
Pascal Grizot : En effet, j’ai commencé le golf à neuf ans, au golf du Prieuré dans les Yvelines. C’était une passion et j’ai toujours rêvé de jouer en équipe de France. Je n’ai pas été un grand joueur mais j’ai par exemple disputé le Championnat d’Europe des moins de 21 ans aux côtés de Jean Van de Velde. J’étais aussi dans l’équipe du Racing Club de France avec François Illouz lorsque nous avons gagné la Gounouilhou (Championnat de France par équipes). Ensuite, de 2005 à 2011, j’ai été Capitaine de l’équipe de France amateur, ce qui m’a permis d’être aux premières loges pour observer les Victor Dubuisson, Romain Wattel, Alexander Lévy, Alexandre Kaleka ou autre Julien Brun dans leurs fastes années amateur. Leurs résultats actuels, même s’ils sont « en dent de scie » sont le prolongement de leurs performances chez les amateurs et le fruit du programme Elite qui avait été mis en place par Christophe Muniesa, le DTN de la ffgolf, Maitena Delamontagne, Patrice Amadieu et par François Illouz. C’est en travaillant tous à l’élaboration de cette pyramide que nous avons réussi à la victoire de l’équipe de France masculine au championnat du monde en 2010! Donc je connais bien les générations de joueurs qui évoluent aujourd’hui sur le circuit européen.
Pour moi, le côté sportif du golf est le plus important et je souhaite l’émergence de joueurs capables de gagner sur les circuits amateur et professionnel. Avec un budget de 30 millions d’euros, la FFGolf a une obligation de résultats et à l’issue de mon mandat de 4 ans, la France devra avoir des joueurs amateurs et professionnels classés dans le top 10 mondial .
G.O : Tout cela passe par l’installation d’infrastructures de petit jeu, là où se joue souvent le score sur une carte…
P G : François Illouz avait demandé un centre de performance de haut niveau, il y a dix ans. Mais tous les espaces fonciers du Golf National étaient utilisés pour la Ryder Cup. On a relancé le projet après l’épreuve en 2018. Quand nos golfeurs jouent une compétition amateur ou professionnelle dans un pays hôte, ils ont des difficultés à s’adapter sur des parcours préparés en conséquence avec des greens très fermes et très rapides et des zones d’approches et bunkers au diapason.
Comment avez-vous procédé ?
On a imaginé la zone, on a défini un cahier des charges puis on a choisi un architecte, Martin Hawtree, reconnu dans le monde du golf.
Avec 5 greens ?
Il y a effectivement cinq greens : un pour le wedging, que l’on peut attaquer de quatre endroits différents avec des lies dans tous les sens. Un pour les sorties de bunker avec quatre sables différents et un pour le chipping. Plus deux pour le putting, un plat et un ondulé
Qui aura accès à cette zone ?
Les athlètes du centre de performance (les meilleurs amateurs français, ndlr). On va établir un protocole pour que les pros de circuit puissent l’utiliser, hommes et femmes tous circuits confondus. Et les ligues y auront également accès, uniquement pour les joueurs cibles.
Outre ce centre de performance réservé aux amateurs et professionnels « haut niveau », vous souhaitez aussi une réforme des écoles de golf.
Il faut en effet rendre l’école de golf plus attractive. Les clubs ont intérêt à investir sur le futur et c’est leur intérêt de faire en sorte que les jeunes jouent plus facilement au golf. Qu’on arrête de vouloir réserver les parcours aux adultes et organisons plus de compétitions interclubs pour les jeunes.
Le développement du golf en France
On mesure la force d’une fédération par sa puissance à convaincre le plus grand nombre à la pratique du sport qu’elle administre, mais il convient de comparer le nombre de golfeurs français licenciés par rapport au nombre de licenciés dans d’autres pays européens. En France, le golf qui est considéré comme un sport mature a tendance à stagner en nombre de licenciés (+ 4% soit 420 000) et quand on le compare à d’autres pays européens comme les Pays Britanniques, la France tient bien son rang puisque l’Angleterre a perdu 10 688 licenciés en un an, passant de 655 839 à 645 151.
Les statistiques sont encore plus négatives pour l’Écosse qui a perdu 4% de ses golfeurs dont le nombre est passé de 187 802 à 180 281. Le Pays de Galles connait la même baisse et compte aujourd’hui 42 743 licenciés. À noter que ces chiffres ne prennent pas en compte les joueurs non licenciés et occasionnels (NDRL).
La transition environnementale
« L’écologie et ses enjeux ont de plus en plus d’importance… » souligne Pascal Grizot qui ajoute « qu’ aujourd’hui, se pose la question de l’intégration plus harmonieuse du golf dans l’environnement et son acceptabilité par l’ensemble de la société. »
En dix ans, de 1980 à 1990, la croissance du nombre de parcours (18 trous majoritairement) a été très rapide (+ 195 %) Pour commercialiser un parcours qui devait avoir le label « international », on a imposé des standards écologiques illogiques pour l’entretien des parcours de golf. « Je reste stupéfait de cette course aux greens ultra-rapides 365 jours par an à coup de tontes rases, de pulvérisations bi- hebdomadaires de réducteurs de pousse et passages de lisseuse quasi-quotidiens… autant d’action qui multiplient l’utilisation d’eau, d’engrais et de produits phytosanitaires….tout ça pour satisfaire quelques rares bons joueurs alors que la majorité des golfeurs ne s’amusent guère sur des greens « savonnette » concède Pascal Grizot qui ajoute : « ll faut impérativement redonner une saisonnalité au golf et accepter les variations de qualités de parcours. Une fois encore c’est bien aux golfeurs de s’adapter aux parcours et non l’inverse comme semble le penser à tort de trop nombreux joueurs… Il faut mettre un terme à ces pratiques peu respectueuses de l’environnement. Être golfeur éco-responsable c’est accepter qu’un drive hivernal atterrisse 50 mètres moins loin qu’en été et qu’un green hivernal est moins roulant. Il convient que tout golfeur s’adapte à toutes les situations saisonnières. Je vous rappelle que la FFgolf n’a pas attendu pour en parler et agir. Georges Barbaret, ancien président et son vice-président Jérôme Paris ont engagé les premières signatures sur le sujet il y a longtemps.
L’Open de France
Lors de cet entretien avec le nouveau président de la FFGolf, l’instance venait d’officialiser son calendrier pour 2021 avec 42 tournois au programme, dont quatre Rolex Series mais aucune date retenue pour l’Open de France, le plus vieux tournoi d’Europe continentale. Pascal Grizot prenait acte de la décision du Tour européen, mais gardait espoir puisqu’un créneau restait encore vacant dans le calendrier lors de la semaine du 3 au 9 mai 2021 : « c’est une déception de ne pas avoir pour l’instant l’Open de France. La date bloquée est bien réservée à l’Open de France mais pour l’heure le Tour européen, qui est le promoteur de l’épreuve, attend la confirmation d’un sponsor principal. Tant qu’il n’a pas cette confirmation, il ne peut pas inscrire l’Open de France au calendrier ».
Quelques jours plus tard, l’EPGA et la FFgolf confirmaient que l’Open de France 2021 se jouerait du 6 au 9 mai au Golf National, malgré l’absence de sponsor titre et grâce à l’implication financière du Tour européen (EPGA). « Je veux avant tout remercier le Tour européen parce que la période est très difficile pour tout le monde et avoir l’Open de France au calendrier était un challenge« , déclarait Pascal Grizot, en visioconférence qui ajoutait « organiser aujourd’hui l’Open de France sans partenaire titre est un effort très important fait par l’European Tour« . Si bien que c’est l’EPGA qui assure l’intégralité de la dotation de 1,5 million d’euro. Tous les meilleurs joueurs français sont attendus pour cette 109e édition, de Victor Perez à Victor Dubuisson en passant par Romain Langasque, Raphaël Jacquelin, Alex Levy, Mike Lorenzo Vera ou encore Grégory Havret qui en sera l’ambassadeur. En revanche, il n’est pas prévu qu’il y ait du public à ce stade. « Même s’il sera difficile cette année d’accueillir des spectateurs, nous savons que tous les joueurs et tous les membres de la fédération française sont très fiers de cet Open de France. L’an dernier, il a été impossible de le jouer à cause de la situation (sanitaire). Deux années de suite ça aurait été trop », a souligné Pascal Grizot.
Pour atteindre ses trois principaux objectifs (sport de haut-niveau, développement de la pratique avec notamment l’évolution des écoles de golf et transition environnementale des golfs), Pascal Grizot sera épaulé par un comité directeur de 32 membres. Parmi eux, Pierre Bechmann qui sera le secrétaire général, Gilles Paris le premier vice-président, chargé du développement, Sylvianne Villaudière, deuxième vice-présidente, chargée de l’environnement, Mauricette Feuillas, administration du sport, Eric de Saint-Louvent, chargé du golf professionnel, Laurent Boissonnas, président d’Open Golf Club et quatre propriétaires de golfs commerciaux, des présidents de ligues…etc. Guillaume Livet demeure trésorier. Outre ces 32 membres, un comité d’experts accompagnera le Président Grizot. En feront partie : Franck Riboud (Danone, Evian Championship), Nicolas de Tavernost (M6, RTL), Eric Orsenna, académicien , François Illouz, Jérome Nanty (DRH Carrefour), Antoine Arnaud (LVMH), Heidi Ueberroth, propriétaire de Pebble Beach et première femme membre à Augusta…
Homme passionné de golf, joueur de haut niveau (index – 1) qui plus est, avec une excellente vision sur l’évolution sportive de la discipline en France Pascal Grizot, qui a su bien s’entourer, a déjà obtenu un premier résultat probant avec l’officialisation de l’Open de France du 6 au 9 mai. Nul doute qu’avec la création de l’espace de petit jeu au Golf National, les résultats sportifs des amateurs et professionnels seront à la hauteur de cet équipement destiné au haut niveau tricolore.