Bénévole engagé depuis de longues années dans l’univers du golf, Pascal Grizot, seul à présenter une liste, a été élu en décembre 2020 à la tête de la Fédération française de golf. Sa liste a recueilli 5317 voix de 606 clubs soit 96% des suffrages exprimés. Un peu plus de trois ans après son élection, Pascal Grizot a répondu à notre sollicitation afin d’évoquer avec lui de nombreux sujets, tels le côté sportif du golf, le développement de la pratique sans oublier la transition environnementale des golfs.
« Pour moi, le côté sportif du golf est le plus important et j’avais souhaité l’émergence de joueurs capables de gagner sur les circuits amateur et professionnel. J’ai été plus que comblé puisque sous ma présidence, le golf français a en effet vu Céline Boutier s’imposer dans un tournoi Majeur (l’Amundi Evian Championship) en juillet 2023, une première depuis Patricia Meunier-Lebouc en 2003 et Matthieu Pavon, devenir, le dimanche 28 janvier 2024, le premier français vainqueur d’un tournoi PGA sur le sol américain. »
L’une est passée par le giron fédéral, l’autre – Matthieu Pavon est issu d’une grande famille de sportifs (père footballeur professionnel et mère, enseignante de golf.) Que vous inspirent ces deux victoires ?
« Voir une Française gagner un Majeur est extraordinaire. Il faut souligner l’importance de son club du Paris Country Club, de la Ligue de Paris mais aussi de la Fédération dans sa formation. Ça valide la politique fédérale. Depuis plusieurs années se véhicule l’idée qu’il est plus facile de gagner un tournoi majeur lorsque l’on fait partie du top 20 mondial ; et c’est vrai. Pour Céline, qui était dans le top 10 mondial au moment de sa victoire, l’expérience acquise pour arriver jusqu’à ce classement lui a permis de ne pas trembler au moment de devoir gagner. La qualité et la quantité de travail qu’a fourni Matthieu Pavon, un peu à l’image de Céline Boutier, et surtout sa capacité, comme Céline, à faire les bons choix, sont les raisons de son succès. Tout a été pensé et muri. Du choix de ses agents internationaux, en se disant que le jour où sa carrière exploserait, il aurait les bonnes personnes pour traiter avec de futurs sponsors, à celui de ses coaches ou de son caddie (Mark Sherwood) qui est un des meilleurs du monde. Mais, n’y a pas de fatalité. Nos joueurs et nos joueuses ont du talent lorsque le projet sport est à la hauteur de leurs ambitions, ils gagnent et repoussent les limites. J’espère que leurs succès vont inspirer nos jeunes et créer des vocations ! »
Vous avez joué avec Matthieu, deux tours de l’AT Peeble Beach. Qu’avez-vous ressenti en partageant deux parties avec lui ?
« J’ai pu voir à quel point il a progressé. Ce qui fait plaisir, et c’est une des raisons de son succès, c’est qu’il se sent très bien aux États-Unis et il adore jouer là-bas. Son jeu de fer est extrêmement solide. J’ai en mémoire deux coups de fer 3, au 18 le premier jour, puis sur le 7 de Spyglass (l’autre parcours où se jouait un des deux premiers tours du tournoi) à 210 m du trou. Il a touché le green en deux coups et s’est mis à 4 m du drapeau sur les deux trous et a raté le putt pour eagle. Ce qui est aussi impressionnant est la qualité de son putting, notamment à Torrey Pines pour le Farmers où il a rentré des putts incroyables. »
Un nombre de licenciés croissant
Outre l’émergence au niveau mondial de Céline Boutier et de Matthieu Pavon, une autre satisfaction est notable avec la progression du nombre de licenciés. « C’est une satisfaction avec le nombre de 445 306 licenciés fin 2023, puisque c’est la troisième année consécutive que l’on bat le record. Notre sport continue de gagner de nouveaux pratiquants, ce n’est pas rien dans un contexte économique d’inflation où les gens doivent faire des choix vis-à-vis de leur pouvoir d’achat. On peut tous se féliciter de ce record, mais en termes de pourcentage, l’augmentation est faible puisqu’elle est inférieure à 1 %. Quoi qu’il en soit, la Fédération continue son rôle, qui est d’être en communication constante avec ses affiliés mais aussi avec les pouvoirs publics pour gérer des crises comme celles par lesquelles nous sommes passés à l’image du Covid, ou celle que nous traversons, comme celle du réchauffement climatique. »
Vous souhaitiez aussi une réforme des écoles de golf. Qu’en est-il ?
Il fallait en effet rendre l’école de golf plus attractive. Les clubs ont intérêt à investir sur le futur et c’est leur intérêt de faire en sorte que les jeunes jouent plus facilement au golf. Grâce au dispositif Junior Pass, les jeunes de moins de 16 ans et de 36 d’index inscrits dans les écoles de golf partenaires peuvent désormais jouer gratuitement sur plus de 400 parcours en France. Il s’agit du troisième pilier de ce qui a été mis en place depuis deux ans pour développer et fidéliser le golf chez les jeunes. Il y a d’abord eu la réforme des écoles de golf, avec le Challenge national des écoles de golf Colas, ensuite les Junior Series Legal 2 Digital, qui sont des compétitions organisées à l’intérieur des clubs et qui incitent les enfants à aller sur les parcours, la troisième nouveauté est le Junior Pass. Pour les plus anciens, il s’agit d’une forme moderne de ce qu’était, à l’époque, le Brevet sportif.
Comment fonctionne concrètement le Junior Pass ?
Le Junior Pass consiste, pour les golfs qui y adhèrent, à mettre à disposition des créneaux pour accueillir les jeunes éligibles. Ces derniers doivent avoir moins de 16 ans, posséder une licence active en étant membre d’une A. S. ou abonné de leur golf, être inscrits dans une école de golf, et avoir un index de 36 ou moins. Ils ont ainsi la possibilité de solliciter n’importe quel golf engagé dans le Junior Pass pour savoir s’ils peuvent venir jouer une partie gratuitement, et aux conditions définies par le club d’accueil.
La transition écologique
Au regard des urgences et des enjeux environnementaux, votre ambition est aussi d’accélérer la transition écologique dans une démarche cohérente et globale et d’être reconnu comme une fédération leader en matière de biodiversité, notamment dans l’utilisation de l’eau et des produits phytosanitaires.
« Je rappelle dès maintenant une chose : l’utilisation de l’eau pour les golfs en France représente 0,09 % de ce qui est prélevé dans les nappes phréatiques en France. Donc ce n’est pas en nous interdisant de jouer au golf que l’on résoudra les problèmes liés à l’eau dans notre pays. À la sortie de l’été 2022, j’ai été convoqué à l’Élysée par le conseiller du président de la République à la transition écologique pour nous sommer de trouver une solution de façon à être encore plus vertueux dans l’utilisation de l’eau. On a donc établi de nouvelles chartes de l’utilisation de l’eau en période de sécheresse. Tous les golfs l’ont respectée cet été, mais il y a aussi des vérifications constantes sur l’application de la charte. Et à ce jour, je pense que l’on a répondu aux attentes du conseiller à la transition écologique. »
« Quant aux produits phytosanitaires, au 1er janvier 2025, les golfs ne pourront plus utiliser ces produits, à moins de prouver qu’ils sont indispensables pour traiter certaines maladies des herbes. Les golfeurs les plus connaisseurs sont familiers avec le dollar spot, une maladie propre aux greens causée par un champignon, et qui n’est curable qu’avec les produits phytosanitaires. Dans ce genre de cas uniquement, les golfs devraient pouvoir obtenir des dérogations d’utilisation des produits phytosanitaires. Mais ceux qui y avaient recours par forme de confort sur le reste du parcours, ne pourront plus le faire. Il y aura donc une grande diminution, mais pas une interdiction totale de l’utilisation. En revanche, les dérogations fonctionneront pour un temps, mais il est important de trouver des idées pour l’avenir. Et je reste persuadé qu’en mobilisant les fédérations des autres pays, nous pourrions réunir nos moyens financiers pour faciliter la recherche dans ce domaine à échelle mondiale, et trouver de nouvelles solutions. »
Après la Ryder Cup en 2018, le Golf National recevra l’épreuve de golf des Jeux Olympiques de Paris cette année
« Ce n’est pas comme la Ryder Cup qui était organisée par la Fédération et l’European Tour. Là, c’est le Cojo (Comité d’organisation des Jeux olympiques, NDLR) qui organise l’événement et nous sollicite avec l’IGF (Fédération internationale de golf, NDLR) pour l’aider à organiser l’événement sportif. Mais en ce qui concerne le public, c’est uniquement le Cojo qui est en charge de la chose. Et je dois dire qu’il manque d’ambition. Ce n’est que la deuxième fois que les épreuves de golf des Jeux olympiques se jouent en France, il va y avoir un champ de joueurs qui sera bien meilleur que n’importe quel événement organisé au Golf National. Le Cojo a choisi de limiter la jauge de spectateurs à 25 000, contre une capacité à 60 000 spectateurs, ce n’est pas ce que mérite un pays qui a organisé un événement comme la Ryder Cup. »
Un nouveau sponsor pour l’Open de France masculin qui se déroulera en 2025 à Saint Nom la Bretèche.
« En raison des travaux de construction de la ligne 18 du Grand Paris Express qui provoqueront la fermeture du Golf National fin 2024, le plus vieil Open d’Europe continentale sera délocalisé sur le parcours de Saint Nom la Bretèche qui a accueilli le Trophée Lancôme jusqu’en 2003. Ce sera la marque américaine FedEx, au logo bleu et orange, déjà référente dans le golf sur le PGA Tour avec la FedEx Cup, qui sera pour trois années sponsor de l’Open de France garantissant une dotation de 3,5 millions d’euros. »
Polémique
Une campagne associant les «golfeurs» aux «riches» et aux «racistes» a été instrumentalisée par Mathilde Panot, cheffe de file de la France Insoumise. Vous avez aussitôt réagit à ce qu’on peut assimiler à une provocation.
« En encourageant les électeurs à se rendre aux urnes pour contrer « les riches », « les racistes » et « les golfeurs », j’ai adressé une lettre à la présidente du groupe parlementaire LFI afin de lui faire part de mon mécontentement, qualifiant sa publication «d’attaques gratuites et infondées.»
Homme passionné de golf, joueur de haut niveau (index – 1) qui plus est, avec des résultats probants sur l’évolution sportive de la discipline en France Pascal Grizot, se prépare à une saison 2024 marquée par la tenue de l’épreuve golfique des Jeux Olympiques au Golf National avec pourquoi pas des médailles d’or, d’argent ou de bronze accrochées autour du cou des golfeurs ou golfeuses tricolores.